Une autre Roumanie

Acest articol va apărea în următorul număr din revista Fenêtres Francophones pour Tous, editată la Paris. Rândurile sunt închinate Basarabiei mele iubite!

On l’appelle l’ « autre Roumanie » ou la « petite Roumanie ». Pour moi, elle restera toujours la Bessarabie, ma maison. Pour mieux connaître la République de Moldavie il faut connaître son âme, voir les pétales blancs du cerisier tomber, sentir le parfum de l’automne moldave et dormir sous la caresse de la lune. Située entre les fleuves Prut et Nistru, autrefois une petite partie de la Grande Roumanie, aujourd’hui la Moldavie est devenue une blessure au cœur de ses citoyens, de chaque enfant qui pleure devant son école dévastée, de chaque mère qui travaille à l’étranger pour entretenir la famille, pour chaque village orphelin.


            Pauvre pays, tu as été toujours, depuis ta naissance, aux carrefours des grands empires, chaque siècle tu as été partagé, blessé dans ton âme, dans ta souffrance. Ton identité a été foulée aux pieds, la dignité exilée. Et toi, tu as tout supporté, tes larmes sont tristes, tes yeux sans couleurs, tes mains fatiguées et ton corps enroulé en fil de fer barbelé. Donne-moi tes crépuscules et les buccins, donne-moi tes mains fatiguées pour les caresser et partage avec moi tes souffrances ! Je suis ton enfant qui ne peut pas dormir sachant que les petits villages gelés en hiver sont sans lumière, que les petits élèves n’ont pas le droit de parler leur langue à l’école, que les gens n’ont pas le droit à leur identité roumaine, qu’on vit dans un pays toujours traduit dans une langue étrangère. Je suis toujours avec toi, ma petite Roumanie, chaque souvenir est lié de toi, tous mes rêves, je les partage avec toi.

           O, belle Moldavie, avec tes jardins rouges et tes vergers en fleur, tu me blesses toujours ! Donne-moi tes douleurs, envoie-moi le parfum des chrysanthèmes, la tranquillité solennelle du sentier du jardin endormi et les jeux d’enfance. Je suis si loin ! Tes odeurs me manquent chaque jour et j’ai l’envie de crier, de casser tous les souvenirs et les silences en petits douleurs, puis, les jeter sur les aubes !